Générations sans cash : vers une société du paiement invisible
Les gestes du quotidien changent de génération en génération. Là où les baby-boomers glissent un billet, les millennials “swipent” sur un écran. Selon la dernière étude Ingenico, les générations Y et Z sont aujourd’hui à l’avant-garde d’une révolution silencieuse : celle des paiements instantanés et mobiles, rapides, personnalisés et sans friction.
 
Dans un contexte de tensions économiques et de quête de praticité, les solutions alternatives au paiement par carte s’imposent. Les jeunes actifs privilégient le “Buy Now, Pay Later” (BNPL) pour sa flexibilité, et les portefeuilles numériques pour leur simplicité. Pourtant, le mouvement reste inégal : si 88 % des consommateurs déclarent comprendre le principe du BNPL, 73 % ne l’ont jamais utilisé. Entre curiosité et prudence, la mutation s’opère à deux vitesses.
La fracture générationnelle du paiement
Le numérique s’impose, mais tout le monde ne suit pas le même rythme. Les plus de 65 ans restent attachés à leurs habitudes : 73 % préfèrent encore régler leurs achats en magasin. Ce chiffre ne traduit pas seulement une préférence, mais un rapport plus profond à la confiance et à la matérialité de l’argent.
 
Les paiements sans contact et les applications bancaires se sont démocratisés, mais leur adoption suppose une aisance technologique qui n’est pas universelle. La fermeture des agences bancaires et la raréfaction des distributeurs automatiques créent de nouvelles vulnérabilités : en 2025, plus d’un tiers des communes françaises n’ont plus de DAB à moins de cinq kilomètres.
 
La situation interpelle les acteurs du secteur. “Les seniors risquent d’être laissés pour compte dans une société digitalisée”, reconnaît un porte-parole d’Ingenico, qui plaide pour une inclusion financière intergénérationnelle. La panne d’électricité survenue cet été en Espagne et au Portugal, paralysant les paiements électroniques, a d’ailleurs rappelé que la disponibilité de liquidités reste cruciale en cas d’urgence.
Le futur du paiement : entre IA, biométrie et confiance
Les innovations se multiplient : paiement par empreinte digitale, reconnaissance faciale, voix biométrique, et désormais IA générative capable d’analyser le comportement d’achat pour personnaliser l’expérience client. L’objectif : simplifier les parcours tout en réduisant la fraude. Mais la confiance reste à construire. Selon Ingenico, 65 % des consommateurs n’ont jamais testé de solution biométrique.
 
Pour les entreprises du secteur, l’enjeu est double : fluidifier sans exclure. “L’argent liquide ne disparaîtra pas, il coexistera avec le digital dans un écosystème hybride”, rappelle Ingenico. Dans cette vision, le paiement devient un service, une expérience, voire un acte identitaire — un reflet de la relation que chacun entretient avec la technologie.
 
Les générations Y et Z, elles, voient dans le paiement mobile un symbole d’efficacité et de liberté : tout doit être rapide, intégré, invisible. Les baby-boomers, au contraire, y perçoivent une perte de contrôle et un risque de dépendance technologique. Entre les deux, les entreprises cherchent la voie d’un numérique humanisé, où le progrès n’exclut pas la simplicité.
Vers une société du paiement invisible
Demain, payer ne se fera plus : cela se produira. Le paiement s’efface derrière l’acte d’achat, intégré à une montre, un téléphone, voire une voiture connectée. Les frontières entre banque, commerce et technologie s’effritent, au profit d’un écosystème intégré dominé par les plateformes.
 
Mais pour réussir cette transition, encore faut-il reconcilier l’innovation et la confiance, la vitesse et la sécurité, le digital et le lien humain. L’argent liquide, loin de disparaître, devient un symbole de résilience. Car dans un monde d’écrans et d’algorithmes, il rappelle que la valeur n’est pas qu’un code, mais aussi un contact.
Source : Étude Ingenico, octobre 2025
 

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